Ronald est-il un freudien qui s'ignore?

Publié le par Y.

Cette question rhétorique ayant autant de sens que de se demander si Freud préférait le Big Mac au MacDeluxe, passons directement au sujet du jour : MacDonald’s et psychologie.

Près de 60 jours de travail au pays des burgers m’auront plus appris sur moi-même que n’importe quelle thérapie. Et je dis ça en toute méconnaissance de cause n’ayant jamais entamé la moindre thérapie. Plus qu’un simple job, j’ai compris le passage initiatique proposé par MacDo : une méthode radicale, intensive et pas chère pour se poser tout plein de questions existentielles sans réponses sur soi-même.

 

Le management est à la psychanalyse ce qu’H&M est à la haute couture.

 

« De toute façon les petits chefaillons sont les plus hargneux et utilisent leur semblant d'autorité pour se venger à la fois de leur manque d’avenir et de leur passé douloureux sur plus petits qu’eux ». Certes, il est vrai que c’est quand même majoritairement l’idée. Cependant, n’allons pas si vite en psychologie de comptoir dans un article qui lui est dédié (à la psychologie). En effet, je doute que cette attitude soit si naturelle que ça, d’où mon soupçon que le management d’entreprise est bien passé par là. Deux raisons à cela : un reste de foi en l’espèce humaine (Si ! Si!) et des comportements vraiment trop identiques entre managers pour être honnêtes (J’ai pensé un instant à une théorie du complot très organisée genre « ce sont tous des robots » mais j’en suis revenue, les robots ne mangent pas de sandwichs).

 

Sûr qu’ils en ont eu les managers des leçons de psychologie (juste après le Module 1 « L’esprit corporate : le comprendre et le répandre »). A mon avis, la principale étant « Faire comprendre que tu es le chef (même si ça se voit déjà avec ta chemise) ».

Leçon 1 « Impose ton autorité d’emblée », exercice 1 « Ne jamais paraître sympathique au premier abord ». Pour moi ça s’est traduit par « Bonjour, j'm’appelle Biiip. Tiens reboutonne moi ça on n’est pas dans un...enfin tu vois quoi et te tiens pas comme ça on dirait un mec là ! ». D’autant plus drôle que quelque peu contradictoire si on y réfléchit mais aussi car d’insinuer qu’on puisse apercevoir mon décollette c’est un peu comme reprocher à un cancéreux d’avoir des cheveux qui dépassent. Cependant pas mal, objectif atteint. En bref, tutoyer l’équipier pour entretenir une ambiance friendly et sympa mais surtout ne jamais lui faire de vrais compliments et de temps en temps, sans raison, lui rappeler qui est le chef. « Tu as le droit d’être énervée, je t'ai engueulé c’était pas justifié mais le client devait voir que quelqu’un prend soin de lui". Ok respect, module psychologie du client 20/20.

 

Le problème c’est que toute cette psychologie d’entreprise ça marche pas sur moi. Au contraire, coup dur pour mon auto-estime. Car oui, j’ai besoin d’être rassurée. Mais ça je le savais déjà (message subliminal : partagez mon blog, commentez encore encore !!). Je me suis donc demandée : Pourquoi? 

En fait, c’est juste une épreuve sur le douloureux chemin de la connaissance de soi.

 

Mon surmoi est un con.

 

J’ai donc commencé à m’autoanalyser. Suis-je vraiment inadapté face au cruel monde du travail? J’ai brusquement cru comprendre. Horreur ! J’étais en fait trop gentille !

Et c’est déjà beaucoup de se l’avouer. Aujourd’hui il fait bon être méchant, sans cœur et cynique. S’il y a bien quelque chose dont il ne faut pas se vanter à MacDo c’est d’être gentil. « Tu verras ici tu apprendras à être méchante » me disait à mes débuts un adepte de la méthode. Et c’est vrai. Il faut crier, vanner, se faire respecter. Et en arriver à se sentir ridicule de s’excuser quand on bouscule quelqu’un (105 fois par soir en moyenne) ou dire merci. Mais avec le temps j’y suis peu à peu arrivé grâce aux petites épreuves quotidiennes. « Allez ce soir, tu arrêtes de t’excuser ». « Ce soir plus de sauces gratuites aux clients qui te prennent pour une débile ». (Car oui le « Tu seras chou ! » Vraiment, c’est pas nécessaire). Malgré tout je restais piètre élève destinée à ce commentaire assassin « Toi en fait ton problème c’est que t’es trop gentille ».

Pourtant, je méditai et tranchai : faux ! Certes, depuis quelques années, je me suis peu à peu ouverte aux bienfaits de la gentillesse. Oh attention, pas la cul-cul juste celle qui aide à mettre de l’huile et qui fait du bien. Mais quand même! J’aime trop me moquer, rire des gens qui tombent et médire sur tout et n’importe quoi. En plus j’aime pas les bébés ni les animaux. Cqfd.

 

Suite de l’introspection donc, ma gentillesse semblant en fait tenir plutôt de la politesse, je me suis demandé un instant s’y je n’étais pas un peu vieille France, trop à cheval sur les principes. Argh! Et si je manquais simplement d'aisance dans ce milieu dynamique et punchy? En bref, avais-je un balais dans le cul doublé d'un complexe de supériorité? 

Car le constat restait là. Ce double de moi discret et trop poli qu'on regarde avec de grands yeux étonnés: « Quoi tu fumes et tu bois ?? ». Dans la vraie vie, j'aurais sûrement répondu « Et je baise aussi ! ». Mais là rien, sourire discret.

 

Je commençai à m'inquiéter sérieusement de ce que j'allais découvrir à l'issu de cette auto-analyse. La schizophrénie vraiment?

Et finalement, c'est arrivé tout seul, comme une évidence. C'est juste un mécanisme d'adaptation naturel à un environnement de travail hostile. Et ce n'est pas hautain que de dire que cet environnement ne me correspondait pas, il ne correspond à personne. J'ai toujours trouvé très drôle les gens qui te diront "Non moi l'usine, ça me correspond pas", "MacDo? Je sais pas comment tu fais moi je pourrais pas!". Ah bon? Moi j'adore! Je me sens littéralement faite pour servir des burgers ou travailler à la chaîne.

En fait, chacun trouve comment agir pour que ça passe. De mon côté, juste un effacement certain et une petite hypocrisie assez bonne pour ne pas faire de mal à personne et ne pas créer de conflits (car j'aime pas les conflits). Je-dis-rien-mais-j’en-pense-pas-moins power ! Une réponse de flemmarde sans trop d'efforts certes mais finalement tranquille pour un temps limité. Allez un peu maso, je vous l'accorde, mais j'ai toujours trouvé un côté exultant à rester calme et agréable avec les cons. Mon côté Pieta.

L'important étant que l’honneur soit sauf, je ne suis pas une oie blanche altruiste.  

 

 

L’épreuve finale : Méchante ? J’suis cap !

 

Si vraiment je suis pas trop gentille, alors je peux être méchante. Et c'est ce qu'on va voir, la preuve: je démissionne! Et pan dans les dents !

Et je l’ai fait, j’ai démissionné! Depuis le début j’en rêvais, combien de fois en allant au boulot je me l’imaginais. Je l’avais fantasmé sous tous les angles. Je m’voyais déjà sautillant sur le chemin, mon enveloppe immaculée à la main, la tendre d’un geste triomphant et repartir l’air fière.

 

Évidemment en réalité, je stressais en me demandant si c'est bien raisonnable sur tout le trajet. En plus, grâce au préavis, au diable les phantasme de démission à la "je claque la porte". Et y'a pas à dire, "démission mais je reviens demain pour deux jours" c’est beaucoup moins classe.

 

"Ah et 48 heures de préavis ça vous arrange pas? … Ah… Pourtant j'avais déjà un peu prévenu avant...Bon ok pour vendredi alors c’est pour la psychanalyse gratuite…"

J’ai même failli verser ma petite larme parce qu’à force de se plaindre on oublie les avantages et même que ça fait bouger comme boulot et qu’on fait des rencontres sympas et que les ptits cheffaillons y’en a des biens… Et… De toute façon faudra vraiment que je revienne, je crois qu’en fait ça a pas trop marché…

Publié dans Le travail.

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L
<br /> <br /> Bah moi je pense que Freud préférait les Deluxes, parce que le Big Mac c'est plutot pour les gars du genre "le complexe de la p'tite bit' ", remarque en même temps, il devait forcément chercher à<br /> compenser un truc avec toutes ses grandes théories à la mort moi le noeuds, sans doute un impuissant !!! Et puis la façon dont il en a mis plein la gueule aux meufs, ben ouuais ... sure qu'il<br /> devait pas valoir grand chose au pieu... Je mise sur Deluxe parceque c comme les ferraries de luxe tu vois, ça en jette alors sa compense le manque de performance sexuelle, d'ailleurs pour en<br /> rajouter une couche si tu me le permets, avec la Lou Andréas Salomon , il devait pas s'éclater tout les jours ! si ça se trouve même que c'était un homo refoulé !<br /> <br /> <br /> <br />
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